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5 février 2013

Assis devant ma table sans mot – avec pour seul

Assis devant ma table sans mot – avec pour seul ami mon crayon – ma feuille – silence – espace – vide – la neige recouvre doucement le sol de son blanc manteau – plus rien ne bouge – la flamme de la bougie vacille et s'éteint.
Écrire seul sans bruit. Écrire et rire – ou pleurer ou gémir. Écrire pour être entendu. Écrire pour exister. Dire des mots sans suite comme les barreaux d'une échelle dressée vers le ciel.
Ecrire un mot, puis un autre – encore un autre – parfois le même. Autant de lettres – de signes – de ponctuations – de répétitions. Parvenir enfin à produire une phrase – avec entrain – avec application. Y revenir – y parvenir et puis retrouver son souffle, sa respiration, ses souvenirs.
Et si je suis venu ici ce soir c'est pour t'écrire, pour te raconter – te dire que je ne peux pas me passer de toi – de nous – de ce que nous ne sommes pas arrivés à nous dire – de ce que nous ne vivrons jamais – de ce que nous aurions pu partager – de ce qui ne nous arrivera plus.
Tout ça parce que vivre et rêver ne sont pas différents – parce que pleurer et rire sont la même chose – parce que lumière et amour sont de même nature – que tes enfants ne sont pas différents des miens – tes parents sont les mêmes – qu'entre nous deux il y a si peu d'espace que rien ne peut s'y glisser – si peu de mots que leur musique ne s'entend pas.
Ce que j'aime dans l'écriture c'est sa capacité à ne rien dire qui n'a pas été dit mille fois – à ne créer que ce qui existe déjà, et peut-être à me permettre de croire à ton, à notre, existence. Rendre possible le rêve – réelle l'image – entendre ta voix – respirer avec, et en harmonie avec toi.
Me permettre de croire autre chose, en un autre temps, en un autre endroit – et rester le même – ici et maintenant – miracle d'un jour – d'une nuit – d'un soir.
Aujourd'hui tout est possible – tout peut arriver parce que je l'ai dit et que tu pourras l'entendre. Rien de ce qui arrive n'a jamais été dit, écrit, chanté, rêvé.
Une chouette est venue se poser sur mon épaule ce soir. Elle existe parce qu'elle est nommée, désignée, accueillie. Elle me tient compagnie, m'accompagne, me prête son regard.
Saurai-je jamais pourquoi je l'ai convoquée ? Qu'a-t-elle à me dire ? Qu'attend-elle de moi ?
Oiseau de la nuit – Oiseau de l'oubli – naîtra des rêves et du souvenir – Ton vol silencieux accapare mes songes...

de Kooning A tree in Naples 1960

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