L'air du soir s'est posé doucement autour de

L'air du soir s'est posé doucement autour de nous. Plus rien ne bouge. Le bruit s'endort.
Ailleurs les animaux s'apprêtent à sortir, qui de son terrier, qui de son nid.
Plus loin les enfants vont revêtir leurs habits de nuit. Les musiques se sont tues une à une.
Les écrans s'éclairent. Les travailleurs sont rentrés chez eux. Ici se couche le soleil. Là il va se lever.
Dans le même mouvement un homme s'endort, un autre s'éveille. L'horloge du temps continue son voyage – à y être – pour toujours – sans bruit – sans chanson.
Pourquoi ce calme ? De quelle tempête est-il l'énonciateur ?
Dehors un homme pleure – dehors un homme rit.
Dehors un homme passe – dehors un homme naît – un autre disparaît. Un autre...
Le silence recouvre tout. Aucun bruit ne lui résiste – aucune souffrance ne l'interrompra. Nul ne peut rien prévoir sauf le silence.
Celui qui précède une naissance – celui qui suit une mort.
Il est aussi des bruits silencieux – et des silences coupables – des bonheurs sans voix – des souffrances muettes – des larmes qui n'arrivent pas à couler.
Pourquoi ce soir tout s'est-il tu ? Toi aussi – Ma muse – mon souvenir – ma mie – La sans voix – La compagne d'un soir – de toujours. Ton silence me tient chaud. Il m'accompagne encore ce soir. Au long de mes nuits d'insomnie, je le retrouve – je te retrouve.
Les mots tus sont les plus doux – les plus musicaux. Ils se nourrissent des bruits de la rue, et de la nuit. Ils se colorent de la lueur du ciel et des étoiles.
Chaque jour je les retrouve et les inscris un peu plus en moi. Il n'est plus besoin d'autres mots que les tiens – d'autre souffle – d'autre son que celui qui chante à travers les sonorités de tes mots et le vent dans les feuilles.
Quand donc reviendras-tu ? Quand pourrais-je enfin ne plus rien te dire – et ne plus t'entendre autrement que dans mes rêves, autrement que dans le bruit des vagues ?