mère et enfant

Je vois un enfant, dans les bras de sa mère.
Un jeune enfant. Un bébé. Il a entre deux et trois mois. Il est…
Sa mère le regarde. Elle le nourrit. Le berce. Le porte. Le tient. L’endort. Le change. Elle est avec lui. Il est avec elle. Rien n’existe en dehors d’eux et de leur relation. Ils sont ensemble. Ils sont l’un avec l’autre. Ce qui se passe autour d’eux les concerne, les ramène à leur être, à leur ressenti.
Fusion. Amour. Echange. Partage.
Se nourrir l’un de l’autre. Je les regarde.
Je ne peux pas regarder ailleurs. Ni autre chose que ce qui se passe entre eux. C’est à la fois simple et compliqué. Evident et étrange. Normal et miraculeux.
Qui se nourrit de qui ? qui parle ? qui écrit ?
Qui est là ? à cet endroit, à ce moment ?
Que représente un enfant dans les bras de sa mère ?
Pourquoi ça me parle ? de quel rappel s’agit-il ?
Est-ce une vision ? une rencontre ? un souvenir ? un rêve ?
Qui est-il ? Que fait-il ? Où va-t-il ?
Je n’en sais rien et pourtant je les ai vus. Je les ai rencontrés. Je les revois.
La scène où ça va s’écrire est aussi celle du dire.
Lorsque l’amour se transforme en un enfant et sa mère, je suis dans le sujet, comme une image, une représentation, je deviens le bébé que j’ai été et que je suis encore.
Mais qui est cette mère allaitante ? est-ce la mienne ?
Où est-elle passée ? de quel passé surgit-elle et vers quel avenir ?
Ça me rappelle toutes ces madones sirupeuses qui encombrent les toiles classiques et pourtant quel jaillissement, quel travail leurs créateurs ont pu injecter dans ces représentations.
Il s’agit bien là de la conception, de la visitation de l’archange Gabriel. D’une re-création. D’une capacité à dire et à être qui permet la renaissance du monde, son achèvement et sa finitude dans la capacité de l’enfant à s’endormir en souriant accroché au sein de sa mère.