J'ai mal à la main. Mon stylo me fait
J'ai mal à la main. Mon stylo me fait mal.
Nouvelle année. Jour de désolation - d'horreur - de guerre.
Qui oserait bombarder la crêche un soir de Noël ?
et massacrer joyeusement son prochain à la lumière des lampions du Nouvel An ?
Quel espoir reste-t-il ?
J'ai toujours mal à la main. Je ne sais pas si je vais pouvoir vous dire que ma mère est morte pendant que j'écrivais - un soir comme aujourd'hui - à la dernière séance, de l'an dernier. Pourquoi ce moment - cette heure - cet instant ?
Partir en écriture - partir de la vie - Pour aller où ?
Dans un nouveau monde où il est permis de tuer des enfants au nom de sa propre sécurité - où l'autre n'a pas plus de prix que ça, que moi - où plus rien n'existe puisque je ne connais plus ce que je vaux - ce que je suis -
Mort et néant - Mort ou néant...
Ma mère est morte un soir d'atelier - un soir de décembre - mort naturelle - inévitable - incontournable.
J'ai toujours mal à la main qui a lâché la sienne pour prendre un stylo. Je n'ai rien à vous dire d'autre.
Je vous remercie pourtant de m'écouter un soir de janvier à l'aube d'une nouvelle année pleine de promesses, d'espoir si on arrive à étouffer le bruit sourd de la canonade et les moteurs de chars qui hurlent dans les rues de Gaza.
Rien n'est possible sans douleur - sans sacrifice - sans sang.
Pour advenir le monde nouveau doit se séparer de l'ancien. Pour que l'enfant naisse, doit mourir le vieillard - non l'inverse...