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26 mai 2009

La mer du soir

Il est arrivé, le temps des cerises – comme chaque année. Celui aussi des bains de mer et des promenades en forêt. Nature paisible et luxuriante. La lumière du soleil est abondante et généreuse. Le rire d'un passant s'égrène dans le soir. Je partage tous ces moments, toutes ces sensations avec les autres, ceux qui m'entourent, ceux qui participent à mon existence – parents, enfants, alliés, voisins, amis, étrangers, humains – ceux que je croise – ceux que j'imagine, ceux auxquels je ne pense même pas – ceux que je ne verrai jamais.
Je suis toujours surpris par le peu de distance qui existe entre des humains du même temps et du même endroit – comme un lien de famille, une fraternité inconnue qui s'alimente de l'absence et de l'ignorance dans lesquelles elle s'origine.
Autant de rencontres improbables qui n'auront jamais lieu – autant de rêves inaboutis au fil de chemins inconnus. Et pourtant c'est bien dans ces lieux-là que s'origine cet autre inconnu – ce frère dont l'absence m'est si pesante. Il me manque par sa présence même – par sa proximité. Il est cette part de moi-même que je ne parviens pas à saisir et que je refuse de perdre – cette part d'existence qui m'envahit à l'époque des cerises – qui illumine mes jours – qui me submerge comme un liquide nourricier où se diluent les extrémités de mes membres.
La mer du soir se mélange doucement avec le ciel au coucher du soleil. Les vagues viennent mourir sur la grêve comme la respiration du monde. Ce spectacle permanent me réjouit toujours autant comme si rien ne pouvait changer et qu'il existait quelque part une éternité cachée – au-delà de l'absurdité du monde et de l'injustice des hommes.
Le temps des cerises est aussi celui du renouveau – celui de l'espérance – même s'il ne peut être que fugitif – terminé presque aussi vite qu'éclos – disparu avant d'avoir été saisi – embrassé. Il est comme cette passante qui tourne au coin de la rue et s'évanouit aussi vite qu'elle est apparue.
Il ne sert à rien de courir – c'est trop tard – ou trop tôt car un autre jour, une autre fois, dans une autre rue – dans une autre vie...
Fuite du temps – ronde des saisons, poids des années.
Vertige qui habite chacun de nous au contact de cet autre inconnu.
J'oublie le goût et la saveur de ce fruit printanier au relent de souvenirs et de rêves oubliés. Saveur indicible, au goût d'éternité. Ce goût inatteignable ne peut pas s'évanouir. Il nous poursuit de ses assiduités. Et si le goût de la cerise était comme le goût de l'autre, amer et sucré, doux et violent, léger et aigre ?

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