Jour d'après – enfin d'Avant – Noël est là – Noël

Jour d'après – enfin d'Avant – Noël est là – Noël arrive. Une bougie s'éteint – une année s'écoule – vers la promesse d'une autre année – nouvelle année. Recommencement. Restauration. Nul ne sait ce qui va arriver. Nul ne sait ce qu'il s'est passé.
Je partage ce moment d'écriture avec toi – ce soir – j'aurais aimé – mais ce n'est pas arrivé – j'aurais voulu mais je n'ai pas pu – j'aurais fait – comme si, une fois, un jour, une heure. Les absents me manquent – leur présence me manque. Sans eux, je me sens différent – autre – triste – seul. Ces mots qui viennent à ma rencontre – qui m'étonnent, qui m'accompagnent sur le chemin glacé, un soir de pluie – de vent et de tristesse.
Et pourtant je sais aussi que l'absence seule autorise et permet la présence. Que c'est d'ailleurs que vient l'ici – que c'est de toi que je tiens mon existence – mon écriture – mes mots – parce que c'est bien l'altérité qui engendre le sens – c'est du partage que naît la vie.
Mort à Venise. Noël à Romans. Roman d'un soir. Roman de toujours. Roman d'amour. Quelque part une petite sirène pleure sur son rocher.
Ecrire pour moi – pour vous – avec toi – le son de ta voix – la lumière de tes yeux – la musique des mots qui s'envolent quelque part – qui s'écrivent ailleurs.
Auteur de moi – Autour de moi – Ce soir j'écris pour vous avant d'écrire pour mon lecteur – mon ami – l'autre qui regarde au-dessus de mon épaule, à la recherche de ce que j'aurais pu lui taire – ne pas lui dire.
Lumières – flammes amies et odorantes – tintement lointain amorti par l'eau. Il pleut sur la ville comme il pleut... Ce qui coule, ce qui m'envahit. Tout est là ce soir. Vous êtes tous et toutes là, par la magie de la nuit et des mots. Je pourrais vous nommer tour à tour – tous ensemble pour écrire, vous donner vie – vous rendre présent – parce que vous... Toi aussi Marco le magicien – celui qui cache l'humanité au fond de sa poche, et le ciel dans un coin de son regard.
J'aurais tant besoin d'une miette de ton trésor – d'un morceau de ton rêve. Ami d'ailleurs – ami de toujours.
Magie d'un regard – d'un sourire – d'une présence – d'une absence. Souffrance magique si bien chantée par Andersen. Ce soir c'est jour de fête. Ce soir tout est possible puisque vous êtes venues – puisque vous êtes tous là – compagnons de misère, de fortune – amantes d'un soir – de toujours. Quelque part une fleur a éclos. Un enfant est né. Que vont-ils devenir ? Les soigner, les chérir, les aimer, les écouter. Gouttes d'eau – larmes de pluie – notes d'espoir – musique des mots.

Soir de ténèbres. Silence de la nuit.
Plus rien ne s'écrit – tout se tait. Seul dans le lointain le hullulement d'une chouette verte aux yeux injectés de sang. Le sang noir. La lumière blanche. Un chant s'élève sous les voûtes de la cathédrale. Ce qui advient ce jour comme si c'était le dernier. Pourquoi tant de souffrance ? Pourquoi tant de haine ? L'homme noir tient un flambeau au-dessus de sa tête. Mélopées du soir. Tambour de guerre. Surgissement sans fin d'une inhumanité terrifiante. Pourquoi tuer en chacun de nous la mère éplorée, qui nous accompagne jusqu'au soir de la vie ? Reviens. Ne me laisse pas seul. Laisse-moi entendre ta voix – ton chant – tes mots – leur douceur – leur magie – leur musique – et à nouveau le jour se lèvera. Le soleil reviendra avec son cortège d'ombres et de lumières...