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29 novembre 2011

Marco est mort hier. Hier. Hier. Hier. Hier Marco

Marco est mort hier. Hier. Hier. Hier. Hier Marco est mort. Quelqu'un est mort. C'est Marco. Il serait donc quelqu'un.
Marco est quelqu'un. Il est devenu quelqu'un en mourant. Avant ce n'était qu'un fou – enfermé – dangereux –  inutile – sans parole – sans voix – sans vie. Il n'était pas quelqu'un.
Pourquoi faut-il mourir pour devenir quelqu'un ?
Hier Marco est mort. Arrêt cardiaque...
Marco avait donc un coeur – comme tout le monde – un coeur qui battait encore avant-hier.
Les fous ont donc un coeur – et une âme – et un esprit, et des jambes, et des mains, et des pieds et...
Marco n'a plus tout ça parce qu'il est mort mais avant...
Marco n'existe plus et avec lui c'est la folie qui a disparu – sa folie à lui – son étrangeté – son regard – son monde.
Je sais bien ce que Marco aimait – ce qu'il revendiquait, ce qui l'obsédait jusqu'à hier : la liberté.
Il ne parlait que de ça – il n'attendait que ça – d'autant plus que ses liens le lui rappelaient chaque jour. Certes il n'était plus à l'HP mais attaché dans son lit d'hôpital, dans son fauteuil d'hôpital – sans habits – enfermé dans son statut de fou – privé même de nourriture, pour sa santé. 
Aujourd'hui Marco est libre – et il ne peut plus mourir – d'abord parce que c'est déjà fait et ensuite parce que son combat est aussi le nôtre, celui pour lequel tombent chaque jour tant de gens, tant de personnes – tant de quelqu'un – et que la mort est toujours le meilleur moyen d'y parvenir – de la faire sienne – de la réaliser – de donner un sens à sa vie et des enfants à son espérance. Ce combat-là a été le sien jusqu'à la fin et continuera à se mener sans lui ou plutôt après lui – et avec lui aussi, avec sa mémoire, son souvenir.
Son parcours est singulier. Je ne connais personne d'autre qui peut  – qui a pu – survivre à 30 ans d'UMD différentes, en conservant jusqu'au bout son désir de lutte et sa revendication à être lui-même – à exister – à en sortir. Ce désir s'est éteint lorsqu'il s'est trouvé confronté à l'enfermement ordinaire – le nôtre – celui de chacun de nous, dans les méandres de l'existence et de la vie libre et ordinaire – la vie de tous les jours – la vie sans chaînes visibles, sans autres liens que ceux de l'illusion d'être libre ainsi que les affres de la maladie et la cohorte des soignants dans le cadre mortifère de l'hôpital général.
Et puis il est des combats sans fin et sans perspective de victoire – celui pour la liberté en est un – et Marco a dû se rendre compte hier qu'il s'était trop battu et que son coeur n'y tiendrait plus.

Dessinez-moi donc une orange... 

Van Gogh images

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