Je t'ai écrit. Tu ne me réponds pas. Tu ne peux
Je t'ai écrit. Tu ne me réponds pas. Tu ne peux pas. Parce qu'il n'y a pas d'autre réponse que le silence à ce qui ne peut que s'écrire. Il est à dire – à ne pas dire – à entendre – que le silence peut être assourdissant – furieux – il est explosion – il est mort. Et cette mort est elle-même la seule condition de la vie – la seule dimension de l'amour – l'endroit où tout se rejoint – le lieu de la rencontre entre toi et moi – moi et moi – mon autre moi – le tien – le sien – le nôtre...
Dehors le bruit de l'herbe qui pousse – de la sève qui envahit les branches – tout ce qui constitue le silence de la nature – disparaître pour renaître – pour ressusciter – pour exister.
Le vent immobile – le vent d'ailleurs – comme un souffle inconnu dont on ne connaît ni l'origine ni la direction. Le vent d'autan – le vent d'antan. Tel une brise – un respir – un mot – il est esprit.
J'aurais tant voulu que... et puis il a fallu... parce que vivre c'est aussi apprendre à mourir chaque jour. C'est perdre – donner – recevoir – attendre – taire – se nourrir d'air et de paroles silencieuses.
C'est prendre le temps d'entendre, d'écouter, d'oublier, enfin accepter de se perdre, de se dissoudre – de s'écrire. Car ce qui ne peut se dire peut parfois s'écrire – prendre la forme d'une lettre, d'un regard – d'une larme. Un rien – un signe – un sourire – une note.
Dormir – rêver. Aller à la recherche de quelque chose qui n'existe pas – et puis faire comme si...
Point de salut. Plus d'espoir. Seuls les mots – encore des mots – toujours de mots – sans suite – sans sens – sans but.
Lorsque je suis venu te voir, c'était bien de moi qu'il s'agissait. De moi enfoui dans le souvenir d'une matinée de printemps lointaine et ensoleillée – un moi oublié – ravoqué – mutilé.
Un air entêtant – une musique prégnante. Quelque chose d'indéfinissable – un impromptu – une remarque – une rengaine – un goût d'ailleurs. Et puis ce goût inconnu étrange et habituel – dans un au-delà du langage – quelque part entre rêve et réalité – entre vie et mort – entre toi et moi.
Revenir ou renaître – repartir ou arriver – ressusciter ou mourir. Tard dans la nuit – tôt le matin – un jour nouveau. Attendre sans bouger que le jour se lève. Attendre l'issue – le renouveau. Se battre aussi pour que quelque chose arrive. Donner sa vie pour ne pas la perdre. Y être – en revenir.
Revenir ou renaîtr. Ramener en soi ou avec soi. Le même parcours. La même voix. La même musique. Humain jusqu'au bout.
Dehors un chant d'oiseau – un paysage sans limite.
Dedans l'humain au travail avec ses rêves – ses désirs – sa recherche de lui-même et de l'autre.
Une grande espérance comme une insistante musique venue d'ailleurs.
Un livre s'écrit, celui de nos vies – celui de nos jours, de nos nuits – de nos rêves. Une succession de notes ou plutôt de mots sans suite, sans lien – sans fin.
Il est à construire le monde du rêve, le monde où les enfants aurant enfin le droit de vivre.
Encore une fois, une seule fois – un nouveau jour – je ne sais. La musique – entrelacs de notes, de sens, de rythmes, à l'image de la vie.
Un cri dans le soir – une main tendue – un vent d'espoir.