Un monde d'herbe, de feuilles, de branches – de

Un monde d'herbe, de feuilles, de branches – de plantes – d'oiseaux. Un monde de verdure. Un jardin rempli d'arbres, de fruits. Une mer pleine de vagues. Un ciel avec des nuages.
Une vie de souvenir – d'espoir – d'amitié. 
Près du jardin une fontaine d'où surgissent des mots en un flot continu et multicolore.
Point d'autre bruit que celui des insectes, habitants du lieu.
A peu de distance veille un grand arbre à la frondaison épaisse où s'ébattent des abeilles butineuses.
Dans le lointain la montagne étale ses sombres volutes aux limites du ciel.
Un petit avion se traîne avec nonchalance.
Un fourmillement existentiel dans toutes les directions – l'assaut de l'été envahit la végétation.
Est-il encore temps de pleurer sur les rêves inaccomplis ?
Vers quels cieux montent encore les fumées sacrificielles ?
Vertige existentiel d'une aurore boréale où ne s'accomplit point l'ultime sacrifice.
Il n'est point de soleil dans la nuit extatique où se meuvent les étoiles en un tourbillon sans fin.
Une douce torpeur envahit nos membres fatigués par une longue vie de voyages interrompus au gré d'un courant de flots tumultueux.
Comment ? Pourquoi ? Mais quel est donc ce bruit ?
Pas d'explication, pas de sens. Pas de mots.
Vide – sombre – profond – inatteignable – inextinguible.
Il est des nuits sans lune et des enfants morts-nés.
Il est des jours sans fin et des étés glaciaires – au soir de l'existence, prémisses d'une nuit épaisse et stuporeuse – sans rêve et sans retour...  

Van Gogh