Jaune, comme le soleil couchant – et puis aussi –

Jaune, comme le soleil couchant – et puis aussi – et peut-être...
Incertitude – Eclairé – Ce qui pourrait arriver – Immobile.
Vaste comme le monde.
Qui pourrait imaginer une terre jaune ?
mêlée à un ciel bleu – 
couleur du soir – couleur du matin – 
Tout recouvrir dans l'océan de mon âme – 
Il est jaune l'éclair dans le ciel
le regard de mon chat
la vasque de l'oubli
quelque chose d'indéfinissable 
comme un morceau d'ailleurs
Vestige d'un jour – lumière éclatante – 
ce qui circule – s'en va – revient
dans un mouvement sans fin.
Aurore boréale – lambeaux d'éternité.
Un enfant passe en courant vers je ne sais quelle destinée
L'oiseau croasse au loin pour annoncer le soir
Tout se met en place autour d'un centre indéfini
Le regard perdu du puissant étonné
Le vent du soir s'élève au milieu du feuillage
L'or des mots s'écoule en un flot silencieux
Dans quelle trace peut s'inscrire mon pas hésitant
vers quelle finitude ? dans quel horizon ?
Monde inatteignable – inconnu et multiple
Jardin sans fleur – avec un cyprès au milieu – 
où tout peut se mêler en une étrange alchimie – 
quand disparaît au loin l'horizon et ses brumes – 
Il est des mots qui ne peuvent se dire – 
des sons colorés comme des joues d'enfants – 
Et puis un jour que l'on ne peut prévoir
il surgira de nulle part
Le chevalier jaune dans la brume du soir
armé de pied en cap
rutilant et cabossé
branlant et hirsute auréolé de vent de musique sans autres mots que les tiens. 

Dali