Dehors le feu brûle. Souffle rauque des flammes

Dehors le feu brûle. 
Souffle rauque des flammes dans la cheminée – crépitements.
Le vide en moi – le chant de la voix – il est aussi des bruits inconnus – des voix étranges – des mots d'ailleurs.
Ainsi parle le vent dans les bambous. Ainsi chante l'oiseau d'hiver dans le champ de maïs.
Le croassement comme le craquement de la branche.
Le chant de l'âtre emplit le silence de la pièce.
J'ai tant de choses à te dire que les mots n'y suffiront plus.
Il est des jours sans lune et des nuits sans soleil.
Une douce torpeur m'envahit. Le monde du rêve frappe à ma porte – je sais bien que c'est là que j'ai rendez-vous avec toi – ta vie – tes larmes et tes silences.
L'écriture comme seul moyen d'atteindre ce qui échappe – dépasse – outrepasse – germe et engendre.
C'est bien du religieux qu'il s'agit – ce monde du geste et du regard – où la rencontre ne sert qu'à croire – croître et donner – et recevoir d'autant plus.
Un instant arrêté – je pense que c'est ce à quoi ressemble l'amour, la foi aussi. Ce moment éternel.
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles...
Et souffle le feu comme un monde qui respire.
Tout passe, rien ne s'arrête sauf le feu qui brûle en nous.
Tu m'as enfanté et je suis encore là – encore avec toi.
De la même façon aimer c'est rendre vivant – ou plutôt redonner cette vie qui nous habite depuis la naissance.
Commencer, finir, continuer – reprendre – revenir.
Un bruissement de voix vient de la pièce à côté  – les mots ruissellent comme l'eau d'un ruisseau – une chanson douce – un hymne à la vie – un moment arrêté.
Il est des jours sans lune et des nuits sans soleil – des histoires sans fin – des amours sans objet – des rêves inoubliables – des instants d'éternité
et plus il y a toi – Te l'ai-je déjà dit ?
Dehors l'oiseau chante sur la branche

Zhou Gang