Un soir – un autre soir et puis un jour.Ainsi fut

Un soir – un autre soir et puis un jour.
Ainsi fut créé le monde – ainsi commence une existence – à moins qu'elle ne finisse.
Un verre vide – une page vide – un mot vide.
Les mots m'entourent – m'encerclent – me harcèlent.
Je voudrais tant qu'ils me tiennent chaud.
Je sais qu'il existe des mots de cette nature, dans lesquels on se trouve, il fait bon.
Et puis il y a aussi les autres – ceux qui blessent, font mal – heurtent – brisent – tuent.
Peut-on imaginer un monde où ils n'exsiteraient plus ? Plus de haine – que de l'amour...
Plus de larmes – plus de souffrances – plus de rien. En fait l'un ne peut exister sans l'autre – il en a besoin – il lui est nécessaire – indispensable – comme ton existence à toi – mon autre – ma mie – mon mot – sujet de ma haine et de mon amour – fille du feu – terre nourricière au ventre noir.
Il est des mots sans fin et de longues journées – avant que le passé rencontre l'avenir.
Long est le chemin pour te retrouver.
Le goût dans la bouche – la lumière dans les yeux – le monde est vaste.
La terre est si petite – les ténèbres si épaisses – la nuit si longue.
Les mots s'échappent ainsi qu'un vol d'étourneaux.
Mais où sont donc parties les cloches de Saint-Barnard ?
Tais-toi.

Hartung