Un autre monde - une autre vie - un autre jour.A

Un autre monde - une autre vie - un autre jour.
A une autre époque, dans un autre temps.
Comme si du rien pouvait naître le multiple.
Un souffle - une aile de papillon - un léger courant d'air.
Vertige d'un soir. Dehors souffle la solitude telle un murmure surgi du néant. Les mots coulent doucement sur la feuille.
Je ne sais plus où je suis - ni ce que je fais ce soir en votre compagnie. J'aurais tant voulu vous entretenir de tout ce qui peuple mes nuits et hante mes jours - la musique des bourgeons qui éclosent et les bruits persistants de la rue et de ses habitants. Tout résonne. Tout se tait. Plus rien ne parle. Le monde n'est que bruit.
Le bruit des pas sur le trottoir - le bruit du vent dans les arbres - le bruit assourdissant du silence.
Mirage - mystère - Mélusine - fée d'un soir.
Dans quel état suis-je ? Où me conduisent mes pas ?
Qui me tendra une main secourable - qui écoutera ce que je ne dirai pas, ce qui ne peut pas se dire - ce qui est tu - hors les mots - hors la vie - hors moi-même.
Une plainte s'élève comme un vrombissement, le son rauque de la machine qui s'ébranle doucement.
La virtualité d'une osmose impossible entre le jour et la nuit, entre hier et aujourd'hui - entre le vent et l'eau - le bruit et le silence.
Je voudrais tant ne rien dire - me vautrer dans un silence ouaté et divers. Loin de vous - loin de moi, en un autre temps, en un autre lieu.
Ce soir coulent les mots entre mes doigts sans que je puisse les retenir. Poignée de sable. Ruissellement sur une terre assoiffée. Tout glisse. Tout se perd. Course vitale - vers un devenir sans nom. Rencontre impossible.
Lumière noire dans un monde absurde.
Je pense à toi assise devant ta cheminée - les yeux emplis du reflet des flammes du foyer - tes pensées volettent autour de tes cheveux d'argent. La paix soit avec toi. Un soir comme un autre alors que s'enlise dehors le chant lugubre du vent sur le plateau sombre de tes nuits moroses.
Un autre rêve est-il possible ? Un autre jour - une autre vie dans un autre monde et un autre siècle. Vite dis-le moi. Raconte-moi l'espoir - la mer argentée, les plages dorées - la houle - le ressac - comme le chant du monde à l'ombre des palmiers en fleurs. Je t'ai enfin retrouvée sans jamais t'avoir perdue - comme le jour sans fin de mes rêves d'enfant. La route est longue qui n'arrive nulle part.