Elle est là. Lui aussi – un autre – une autre,

Elle est là. Lui aussi – un autre – une autre, encore une autre. Il neige et elle n'est pas là – lui non plus – l'autre aussi. Un tiens vaut mieux que deux tu-l'auras...
Elle l'a bien eue, son orange salée, non givrée, non gelée.
Orange ô désespoir, ô vieillesse ennemie
N'ai-je donc tant vécu...
Elle a pelé l'orange – non c'est lui – mais qui donc la pèlera cette maudite orange ?
Et lui dehors qui la voudrait tant. Cessera-t-il de réclamer ? comme s'il avait une chance de la revoir – non la recevoir – la gagner – la peler – la manger

Les mots s'enchaînent – comme nous le sommes à cette heure – en ces lieux – si proches – si lointains – si absents. Je suis avec l'autre – je suis l'autre et je parle de l'autre – de mon autre – mon moi – avec un peu de quelqu'un d'autre à qui je confierai quelque chose.
Effectivement les mots, mes mots, te sont adressés. Je ne sais ni quand ni où tu les liras – tu les reliras – ils deviendront tes mots parce que ce que j'entends devient ce que je suis – ce que je pense, ce que j'aime.
J'aime le son des mots au fond... ou au bord... n'importe où, n'importe quand – à tout moment – en tout lieu. Grâce à lui ton visage prend vie – s'anime – me sourit. Je te revois – comme si tu n'étais jamais partie. Je me rappelle.
Écrire pour toi, mais aussi écrire pour penser – écrire pour aimer, écrire pour être un moment, un instant, avec toi et me sentir exister grâce et avec toi.
Alors peut-être pourrais-je te raconter ce que je n'ose pas te dire, tous ces mots qui m'habitent, tous ces mots qui n'arrivent pas à la surface comme autant de bulles qui remontent et se dispersent.
J'espère toujours en attraper quelques unes – les enfermer, les déchiffrer, les mettre en sons – leur donner vie pour te les offrir.
Alors tes mots deviendront miens, il me sera permis de les déguster, de m'en nourrir, de me ressourcer à leur contact et de me sentir vivre encore une fois.
Le temps d'écrire – le temps de lire – le temps de vivre. Le temps du temps – tant de fois – tant d'auteurs – tant de toi. Que reste-t-il de nos amours, j'allais dire de nos vieux jours, sinon cette petite ritournelle qui chante au fond de chacun de nous – comme une petite musique – un regard croisé – une ombre entr'aperçue au croisement de deux rues à...