J'aime vivre. Je suis heureux de vivre et pour y

J'aime vivre. Je suis heureux de vivre et pour y arriver il me suffit de pouvoir le dire – non, plutôt de pouvoir l'écrire car je n'oserais jamais dire pareille incongruité, mais comme tout peut s'écrire... vous ne le croyez pas ?
Qui m'empêchera de dire que je me nourris du malheur des autres – de leur misère – de leur souffrance – de leur laideur – de leur bêtise – de leur ignominie – de tout ce qui les recouvre, de tout ce dont ils se parent – de ce qui les protège – ce qui les rend autres. J'aime les voir vivre, se débattre, s'ébattre, s'offusquer, s'offenser, se défoncer.
Spectacle d'une grenouille tombée dans une jarre de lait.
Mélanger l'autre et l'écriture – le mot et la mort – le vent et la pluie – les larmes et le soleil – toi et moi. Tout peut arriver avec le crayon et le papier – mes mots – tes mots – ton sourire – ton regard – tes yeux. Espèce d'espace, lieu de tous les espoirs, de toutes les certitudes. Mots caresses – mots diurnes – mots venteux – mots du soir.
Vous regarder vivre ou vivre pour vous regarder – vous suivre – vous accompagner – Ecrire pour êttre lu – ou surtout pour ne pas l'être – car alors quelqu'un pourrait – s'est déjà approprié mes mots – voler mes pensées – vider mon esprit.
C'est moi qui prends – pas toi – De quel droit ? Au nom de quoi ?
Ma solitude m'appartient – je ne veux la céder à personne – même pas la prêter – ne serait-ce qu'un moment.
Etat d'âme – Aire d'état – De quoi donc ai-je l'air ? A manier ainsi mots et sentiments – toi et les autres – tous les autres – vous autres – ce que je suis et ce que j'écris – ce que je dis et ce que je fais – Janus à deux visages – porte de l'enfer.
Au fait, j'en ai appris une bien bonne dont je ne peux m'empêcher de vous parler. Savez-vous que les Hébreux ne sont jamais sortis d'Egypte comme c'est écrit dans le livre de Moïse, et que les Juifs n'ont pas été chassés d'Israël par les Romains en 70. Et alors ? Réfléchissez un peu. Bon – je vous expliquerai une autre fois. Je croyais qu'on était tous des fils de Moïse, pas vous ?

Comments

[anne]

il y a dans vos mots toute la vie qui grouille, je l'imagine grouiller en vous, tout en vous, un peu planquée, mais si vivante et jubilatoire