J'aurais aimé venir ce soir comme autrefois – et
J'aurais aimé venir ce soir comme autrefois – et je n'aurais rien eu d'autre à faire que te regarder, t'écouter – entendre ta voix semée d'accents comme une prairie de fleurs au printemps – Eclaboussure – Gestation – Excavation – Il est des endroits sans voix – sans bruit – sans autre ami que l'absent – absent de ce soir – absent de tous les soirs.
Et pourtant ce n'est pas l'envie de venir qui lui manquait, ce n'est pas non plus la certitude de ne pas rencontrer les mots d'autrefois dans le silence d'une soirée amarante. Mots d'été à l'image d'un corps répandu – corps étreint – corps fêté – corps tordu – mordu – saisi dans un flux consensuel de ferments odorants.
Il n'est pas arrivé à saisir ce spasme – halètement hébété, rut répandu en secousses éreintées. Il n'a pas jailli, ce ruisseau de paroles accompagnées de larmes et de rires – de sanglots et de morsures.
J'aurais tout consommé – tout respiré – tout écouté – musique et mots – musique des mots. Et peut-être à nouveau ils auraient pu m'emplir.
Il n'y a pas de corps heureux – avant d'avoir ressenti ce sentiment étrange et merveilleux de ne plus être ailleurs – dedans – avec – et encore une fois je ferais ce rêve étrange d'un ailleurs inconnu où tout ne serait pas normé.