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7 septembre 2010

Mon amie,Ce soir je pourrais t'écrire pour te

Mon amie,
Ce soir je pourrais t'écrire pour te raconter – te dire ce qui se passe à Romans en atelier. Le ciel est sombre et le jour en a profité pour s'enfuir. Agnès est revenue – d'ailleurs – avec quelques difficultés à cause de la circulation.
Toute la France était dans la rue pour encourager les funestes projets de notre président. Mais cette nouvelle a dû heureusement parvenir à tes oreilles.
René s'affaire autour de la bouilloire pour nous servir un thé délicieux qui va nous permettre de réchauffer nos pauvres corps trempés. Je pense aussi au délicieux repas que je n'aurai pas le plaisir de partager avec toi après l'atelier. Quelle tristesse ! Je te promets de me rattraper mardi prochain. Encore qu'il est prévu que nous allions tous ensemble après l'atelier au spectacle qui aura pour héroïne d'un soir notre voisine Brigitte et son œuvre picturale. Christiane nous rejoindra à Romans – si, d'ici là, la circulation ferroviaire a repris son cours.
Je t'imagine au bord de l'eau – gorgée de mer et de soleil – les doigts de pieds en éventail, résistant aux sollicitations insistantes de ton compagnon qui veut encore t'entraîner sur des sentiers abrupts et rocailleux.
Tout à l'heure je suis passé à Sarras, dans la maison familiale. Je ne sais pas si je vais arriver à boucler les travaux en vue de sa location. Tout part à vau l'eau. L'agent immobilier me propose de faire refaire l'électricité pour conformité. Encore un chantier auquel je n'avais pas songé.
Pourquoi donc m'est-il impossible de me dégager de cette obligation ? Je repense à ces difficultés de logement qui ont hanté mes parents presque toute leur existence  – et qu'ils n'ont résolues qu'après la construction du "château de ma mère" – après des années d'efforts et de privations – comme un aboutissement – un but enfin atteint.
J'étais content de récupérer leur demeure, avec la différence que je n'en ai pas besoin, sauf peut-être comme apport financier. Mais une maison n'est pas une tire-lire – au contraire, et je m'en rends compte aujourd'hui.
Serait-ce donc un tombeau ? A ce sujet, je viens d'apprendre que mon locataire indélicat, dont je t'ai tant rebattu les oreilles à une époque, et qu'il m'a fallu traîner en justice pour essayer de m'en débarrasser, est décédé au courant d'août. Décidément nous sommes peu de choses et les hasards du destin sont bien imprévisibles.
A Bobichon, la maison a pris sa teinte automnale. Mélange de vert-de-gris et de marron – où le ciel se mélange à la forêt, aux champs et aux murs. Le vent souffle entre les pierres. La nature reprend ses droits sur la civilisation.
L'absence se confond parfois avec le vide. Ce que je voulais te raconter, c'est à travers ce qui m'arrive – ce qui encombre mes jours et chasse mes nuits, la persistance de la difficulté à établir des limites entre ce qui nous entoure et ce que nous sommes – entre le tout et le rien, entre l'inutile et l'impermanent.
Il y a tant de manières d'être absent – j'ai failli écrire présent – à soi, aux autres, aux siens – à ceux qui nous entourent – ce qui nous accompagne – nous protège – et qu'on passe son temps à oublier. Autant de choses dont l'absence ne peut que nous envahir.
Ainsi ce soir il était important que je t'invite en ce lieu – comme il est aussi important que le silence de Marco m'emplisse les oreilles. Je suis avec toi, avec tous les autres – avec les miens et aussi les étrangers – ceux qui sont là et ceux qui n'y sont pas. Que deviendrais-je sans vous – sans toi ?

P1110804

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