Le silence a chassé le bruit. Plus rien ne bouge.

Le silence a chassé le bruit. Plus rien ne bouge. Un jour nouveau a disparu. Comme c'est étrange. Partir ou arriver. Écouter sans entendre. Mourir ou naître. N'être plus jamais là – pas encore ailleurs – pas encore ici – il est toujours là, l'absent du bois – le noir messager – ce qui est à dire mais ne peut s'écrire – ce qui revient avec insistance – ce qui n'arrive pas à disparaître.
Aujourd'hui encore quelque chose n'est pas arrivé.
Je suis là, devant vous, avec ma solitude, avec mon souvenir – cet espèce de mémoire du vide – de l'inaccompli – du manque indéfinissable à toute existence.
J'ai perdu mon désert – ma campagne – mon arbre.
J'ai perdu mon amie – jusqu'à l'éclat de ses yeux – la courbe de son sourire – la musique de sa voix.
Seuls restent les fantômes de la nuit.
Et puis viendra un autre jour – venu d'ailleurs – né de rien – comme un lever de soleil – une aube nouvelle.
Demain peut-être. Rosée du matin. Chant du rossignol. Verte prairie. Tendres pousses. Renouveau. réminiscence.
Il est à se dire, à s'entendre, à s'inventer – le nouveau monde – le nouveau chant – le nouvel homme.
Comment le différencier de l'ancien ? Lui redonner vie et sens – lui donner la main – l'accompagner – le protéger – du froid – du vent – lui apprendre le chant du monde.
Quelque part une petite musique – un souffle ténu – un son presque inaudible. Quelque chose à construire.
Comment savoir ce qui peut encore arriver ce soir – demain ? ou un autre jour – une autre fois – dans le passé ou l'avenir – dans ton coeur. Comme si rien d'autre... un rêve à venir – un rêve passé – un nouveau rêve – le rêve d'un nouveau jour – un monde à rêver – comme un mot à ré-inventer – un bégaiement.

Léon Zack