Se réchauffer à la clarté des étoiles – et se

Se réchauffer à la clarté des étoiles – et se refroidir dans le souffle de l'esprit. Et si pour une fois quelqu'un osait franchir le seuil, s'asseoir au milieu de nous et nous communiquer un peu de ses rêves...
En venant à Romans, deux auto-stoppeurs ont envahi mon univers, un jeune Espagnol et une petite Parisienne qui venaient de loin avant de repartir encore plus loin. Ils m'ont entraîné à leur suite pendant un court moment avec leur projet de voyage au coeur de l'Afrique. C'était nouveau et réconfortant. Ça parlait de tout – du monde – d'un autre monde – dépaysement, ressourcement. Il existerait dont quelque part des voyageurs – des gens prêts à traverser les airs et les déserts, des gens curieux de se qui se passe ailleurs, de ce qui peut arriver aux autres, de ce que sont ces autres étranges et étrangers – à la peau bistre – au regard étonné – rempli de soleil et d'espérance.
Un autre regard est possible – un autre monde peut germer – dans le soleil et le vent – entouré d'arbres flamboyants – de rencontres et d'embarquements.
A quoi donc peut rêver ce voyageur assis au bord du chemin ?
Quels espoirs, quels mots lui ont traversé l'esprit ?
Elle n'est pas vaine, la recherche qui le conduit sur le chemin de l'autre à la rencontre de lui-même et de sa destinée.
La vie elle-même est voyage – d'un point à un autre – entre deux instants – entre deux mondes – entre toi et moi – entre elle et lui.
C'est ainsi qu'il a peu m'arriver un court instant de partager un autre rêve – un autre voyage comme un cadeau – un instant de grâce et de chaleur dans les brumes hivernales.
Dans le même temps – le même jour, au même moment – un peuple entier s'est soulevé pour crier sa révolte et son espoir d'un jour nouveau. Là aussi quelque chose est arrivé qui veut célébrer la vie, l'espérance, et ce message qui nous parvient vient lui aussi d'ailleurs. Il a pris ses racines dans un cri de désespoir, dans le sacrifice utile d'un homme révolté.
Là encore c'est bien d'un embrasement qu'il s'agit – d'un souffle incandescent – d'une chaleur vivrière et bouleversante.
Les sacrifices ne sont jamais vains lorsqu'ils rencontrent l'espoir et le rêve. La vie est plus forte que la mort pour celui qui a su en faire don sans limite et sans haine.
Quelque chose est à réinventer sans fin – à retrouver chaque jour, à rebâtir – et à entretenir avec amour – qui ressemble à la flamme d'une minuscule bougie, à une étincelle, et qui pourra embraser l'humanité entière.

Fernand Léger