Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mot à mot
Derniers commentaires
Albums Photos
1 mars 2011

J'ai peur de mourir – comme tout le monde.C'est

J'ai peur de mourir – comme tout le monde.
C'est pourtant moi qui ai failli écraser quelqu'un en arrivant. La mort est une compagne de tous les instants – chaque jour elle nous prend par la main – se rappelle à chacun de nous par un mot – un regard – une absence.
Quelqu'un me regarde – me regarde vivre – écrire en ce moment même – comme si les mots pouvaient venir à mon secours – me protéger – me défendre – me prolonger.
Je vis tant que je peux encore parler – m'adresser à cet autre qui regarde par-dessus mon épaule. Mais que lui dirais-je de plus – de moins – qu'il ne sait déjà – au sujet de cette vie, en partage, en commun, ensemble.
Mourir de vivre. Ce regard échangé – croisé – entendu. Je me montre vivant – et je regarde les autres se mouvoir avec aisance – avec harmonie. Un éclat dans le regard. Un sourire. J'ai tant envie de le découvrir à nouveau – de saisir cette lumière qui se reflète dans tes yeux.
Existe-t-il quelque part un être sans regard – sans yeux – sans lumière – sans désir, non plus ?
D'aucuns le prétendent – et j'ai cru rencontrer une femme sans regard – mais c'était parce que je ne pouvais l'atteindre – le rencontrer – le voir.
Il y a tant de choses que je n'ai pas vues – que je ne verrai jamais – avant de disparaître, de m'éteindre.
Pour autant, n'existent-elles pas ?
J'ai toujours peur de mourir – surtout quand je n'écris pas – ou que je n'écris plus – comme si les mots me permettaient de te voir – de saisir ton regard – de sentir battre le coeur de mon amie.
L'écriture comme souffle – comme respiration – comme sentiment – lorsqu'elle se confond avec ce dont elle parle – lorsqu'elle se confond avec la main de l'écrivant – avec son regard.
Une espèce de porte ouverte sur le monde. Un moyen de voir à travers le voile qui couvre ton visage. Un cri d'espoir – l'expression d'un rêve de liberté pour les uns, d'éternité pour les autres.
"Et le verbe s'est fait chair" – en-deça des mots, au-delà des voiles – révélant à chacun la nudité éclatante de l'être incarné – ma propre et misérable nudité – ma piteuse et vieille existence. Ainsi je pourrai continuer à imaginer que derrière ce masque offert se cache la plus belle et la plus vénéneuse des créatures, celle qui hante mes rêves depuis si longtemps – celle qui me force à écrire –
et m'empêche peut-être de mourir – la femme mêre de l'origine – au sexe ouvert et au regard voilé.
Il s'est voilé le visage, celui à qui Dieu s'est adressé, car il n'aurait pu survivre devant un tel éclat – une si grande lumière – celle qui se cache et est cachée dans le regard de l'Autre. Comme si ce dévoilement ne pouvait se réaliser que dans la mort.

photo surlezinc imagesCAWZ5FEQ

Publicité
Publicité
Commentaires
mot à mot
Publicité
Publicité